● Marcel BOULENGER - (Paris 1873 - Chantilly 1932) ●
Romancier, journaliste et escrimeur français. Il remporte une médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été de 1900 dans l'épreuve individuelle de fleuret. Il est le frère de l'historien, journaliste et écrivain Jacques Boulenger, et était lié d’amitié avec René Boylesve qui en a laissé un portrait élogieux dans ses Profils littéraires (1962). Marcel Boulenger contribua notamment entre les deux guerres dans les journaux L'Action française et la Revue des deux Mondes.
M.A.S - non daté
4p. in-4- (20x31cm pour la 1è feuille - 18x23cm pour la seconde)
Très beau manuscrit, intitulé " La saison du goût ", avec corrections manuscrites avant publication du texte définitif
" Exposition d'étoffes et de dentelles aux Arts décoratifs, exposition Ingres, Humoristes de là Ville-l'Evêque, Humoristes du Palais de Glace, petits maîtres hollandais des Tuileries, miniatures persanes chez Barbazanges, Salon de la Nationale, Salon des Artistes français, etc., etc., et j'en passe. Que de couleur que de formes que d'émotions! que d'étonnements que de sujets de conversation! Si l'on songe à l'existence si active des Parisiennes que surmènent à la fois les obligations mondaines, le souci bien légitime de se tenir au courant de tout, et aussi car elles sont bonnes autant que charmantes les œuvres charitables et la conduite du foyer si l'on observe qu'il leur arrive parfois, en outre, de se coucher bien tard, et qu'au besoin c'est l'alouette plutôt que le rossignol dont le chant les accueille parmi les bocages d'Auteuil ou des Champs-Elysées, quand maintes autos les déposent à l'aurore devant les portes de leurs maisons si l'on tient compte de tout cela, l'on se demande comment donc, en vérité, s'y prennent ces êtresjragiles, aux nerfs délicats, pour supporter une vie si émouvante? Elles dorment à peine, déjeunent rapidement, dés une ou deux heures de l'âprés-midi, et aussitôt les voilà parties pour éprouver toutes sortes d'impressions Rien n'est fatigant comme les impressions, du moins pour certains et certaines. A revoir seulement, après nombre d'années, le corso de son cher Milan, Stendhal pensa éclater en sanglots, et rentra chez lui brisé de lassitude. Ce n'était qu'une impression. Je sais une jeune femme, et charmante, qui, pour avoir uniquement aperçu le Rodin cette année, à la Nationale, s'est également mise à pleurer. C'était aussi une impression. Mais vous sentez que cela épuise, à la longue.
Nous n'ignorons pas que l'on répondra « Aussi, pourquoi courir ainsi les expositions ? Le couturier n'a-t-il plus d'attraits? Les conférences ne peuvent-elles suffire ? N'a-t-on: plus de visites' à rendre ?»
La rfést pas la question .'Et d'abord, le couturier lûi-mêniè est une exposition d'art oriental et Directoire. La modiste, pareille- ment. Les conférences fleurissent l'hiver et se fanent au printemps. Quant aux visites, qu'y fait-on, s'il vous plaît, hormis d'y causer ? Or de quoi donc entendez-vous que l'on parle, en ce mois où nous sommes, sinon justement des expositions et des Salons de toutes manières'? Un peu avant le muguet, c'est le goût qui s'épanouit. Les Parisiens, les Parisiennes sont tout parfumés de goût à partir du 15 avril. Voici que les teintes précieuses, suivies de leurs demi-teintes, et que les quarts de nuances rares nous touchent et nous ravissent profondément. Il y, a deux semaines, l'on n'y songeait point. Mais à la fin d'avril s'ouvre la saison des émotions artistiques: et 'elle est délicieuse.
La vie se trouve par là si simplifiée Voyez donc' en temps ordinaire, l'on présente l'un à l'autre un monsieur et une dame. Bon, c'est toujours un peu gênant. Le monsieur se trouve là, souriant avec application, une tasse de thé aux doigts, ou -.bien assis de côté sur sa chaise: La' dame songe à l'heure qu'il est. >. Que vais-je lui dire qui l'intéresse ? » pense éperdument' le monsieur. «' II serait poli de rester encore ici dix minutes ̃», se commande tout bas la dame. Et l'entretien languit, difficile et pâle.
Au lieu que, dans la saison du goût, la même dame et le même monsieur sauraient tout de suite comment causer. Ne disposeraient-ils que de cinq minutes à peine, ils tiennent un sujet, et savoureux, et raffiné 1
Avêz-vous été au Salon de Ceci, madame, ou, l'Exposition de Cela? Aimez-vous les tableaux de X., ou les étoffes peintes de Z., ou les petits hollandais ? Et les miniatures persanes?.
Ah monsieur, la Perse
Et les propos d'aller, exquis, et bien au-dessus de ces pauvretés qu'on entend toute l'année D'autant que, sur les peintres aussi, il y a, tant qu'on en veut, des potins à narrer mais quand il s'agit d'artistes, les potins s'appellent plus noblement des anecdotes. C'est une politesse que l'on fait aux Muses.
On leur en fait bien d'autres encore L'on rie discourt,'en ce mois-ci, l'on ne dispute, l'on ne rêve que d'art. Nos plus vives jeunes femmes ont leur avis. sur telle peinture ou sur telle autre. Elles étudient leur Ingrss, mais sérieusement. On peut leur. montrer des Maurice Denis, dés Gauguin, des Matisse elles sont prêtes. La. Perse les guette, et les 'aura. Il n'est jusqu'aux plus puissants verts, jusqu'aux rouges les plus turcs, .jusqu'aux améthyste les plus entreprenants et jusqu'aux pires groseille, qu'elles ne mélangeraient fort bien sur leurs murs, après avoir toutefois marié ces tons. sur elles-mêmes, car elles ne s'habillent pas sans préméditation- Elles voient les arbres bleus, les.ciels safran, les maison pourpres, les cailloux tels que des escarboucles, les humains éclairés par l'aurore boréale, les femmes. pareilles à dès guivres terribles. C'est une féerie de couleurs dont elles sont le jouet, un immense kaléidoscope qui les entoure, un enivrant feù d'artificc.
Puis un beau jour, comme le mai s'avance et que le printemps mûrit, il advient qu'on les mène aux champs, mais s'entend parmi les vrais champs, sur les bonnes terrés que balaie la brise et que foulent les vaches, en pleine nature enfin, au beau milieu des déco.rs du bon Dieu. Ah! les pauvres Parisiennes, elles ne voient plus rien alors. La saison du goût leur a usé les yeux. Lâchées par les i grands prés verts, voilà qu'elles s'arrêtent. | éblouies, et que leurs paupières clignotent. en
Elles sont comme ces oiseaux qui vivaient en [dés càges d'or, d'émail et de pierreries; ouvrez'>la porte de la Cage, et l'oiseau s'envole, il gagne le bois mais le soleil l'étourdit tellement:, qu'il demeure tout surpris dans l'herbe et qu'on le reprend à la main. Marcel Boulenger "
Etat de conservation : correct, mais usures, bien visibles sur mes 5 photos
Envoi soigné
Informations complémentaires concernant le signataire de ce document :
Principales publications
La Femme baroque. Hippolyte l'admirable. L'Amour à Moret (1898)
Le Page, roman (1899)
Couplées, roman (1901)
La Croix de Malte, roman (1901)
Quarante Escrimeurs (1903)
Au pays de Sylvie (1904)
L'Amazone blessée, roman (1906)
La Querelle de l'orthographe (1906)
Lettres de Chantilly (1907)
Nos Elégances (1908)
Les Doigts de fée (1909)
Le Pavé du roi (1910)
Mes Relations (1911)
Introduction à la vie comme-il-faut (1912)
Le Marché aux fleurs (1912)
Les Œufs, pastiche de Charles Perrault (1912)
Cours de vie parisienne à l'usage des étrangers (1913)
Apologie du duel (1914) Texte en ligne [archive]
Le plus rare volcelest du monde (1914)
Le Fourbe, roman (1914)
Le Cœur au loin (1916)
Sur un tambour (1916)
Charlotte en guerre ou le Front de Paris (1917)
Écrit le soir (1917)
La Belle et la bête (1919)
Réponse à Gabriele d'Annunzio (1919)
Les Trois grâces. Suivies de Mensonge (1919)
Chez Gabriele d'Annunzio (1921)
Marguerite, roman (1921)
Les Quatre Saisons (1921)
Les Aventures d'un dandy (1922)
Nouvelles lettres de Chantilly (1922)
Souvenirs du marquis de Floranges (1811-1834) (1923)
Le Duc de Morny, prince français (1925)
Éloge du snobisme (1926)
Le Gros Garçon (1926)
Mœurs du jour. Les Personnes distinguées (1926)
L'Attentat d'Orsini (1927)
Le Beau Mariage France-Italie (1927)
C'est donc sérieux ? (1928)
Prométhée sous les aigles (1928)
Les Scrupules d'Ildeverte (1928)
Mazarin soutien de l'État (1929)
La Païva (1930)
Quand j'avais une épée (1930)
Nicolas Fouquet (1933)
Opinions choisies (s. d.)
Le Vicomte, roman (s. d.)
Réédition :
Le plus rare volcelest du monde, nouvelle éditée et préfacée par Didier Dantal, Éditions Horarius & Cie, Chantilly, mai 2010.
Apologie du duel, Éditions du Bretteur, coll. "Les Incongrus", 2011.
Distinction
1918 : prix Alfred-Née de l’Académie française
Source : Wikipédia
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