idéal déco --- ancienne boule pétanque ou lyonnaise en bois dont une fendue
Les boules cloutées .
Au début des années 1900, on jouait "à la provençale" avec des boules cloutées, plus solides qu’en bois seul : à Tourtour, on jouait principalement dans la montée de l’église Saint-Denis et l’aventure était donc périlleuse, au milieu des cailloux et de la terre, sur une pente bien prononcée. Ces boules cloutées sont maintenant des objets de collection et ont une certaine valeur marchande car elles sont devenues très rares : par exemple, pour une belle paire de boules cloutées (avec clous de couleur et motifs géométriques) il faut compter un minimum de 80 €... Bien réfléchir avant de mettre au rebut ...
Quelques aspects historiques et techniques nous aideront à retrouver la trace de cet objet typique des traditions provençales .
De la boule en bois à la boule cloutée :
L’histoire de la boule est naturellement liée aux possibilités de fabrication de l’époque. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, on ne jouait qu’avec des boules en bois de buis, hêtre ou orme. De temps en temps ces boules étaient partiellement cloutées avec des clous à ferrer, faits main.
Mais ces boules en bois avaient beaucoup de défauts, elles s’usaient et se déformaient rapidement, surtout si le jeu se pratiquait sur un terrain dur et caillouteux.
A partir de 1872 les clous étaient fabriqués à la machine, ce qui rendait leur emploi possible pour la fabrication des boules et avait l’avantage de les protéger de l’usure. Les premières boules furent cloutées avec des clous en fer à grosse tête ronde. De ce fait les boules furent plus lourdes et leurs diamètres augmentaient (100 à 150mm et le poids aussi jusqu’à 1500 Gr), en particulier pour les boules du jeu "à la lyonnaise". Plus tard on employait des clous à tête plate. A partir de là les fabricants furent de vrais artistes, les clous étaient en différentes matières (fer, cuivre, laiton) ce qui permettait de faire plusieurs sorte de symboles, des chiffres mais aussi des étoiles, des fleurs, des coeurs, d’après les souhaits des joueurs (en quelque sorte "les armoiries" du bouliste).
Par la suite (vers 1900) on a fabriqué des boules de diamètre 70 à 90 mm, c’etaient les premières boules pour le jeu provencal et plus tard pour la pétanque.
Espèces de clous et technique :
Les différentes espèces de clous appellaient aussi différentes techniques de cloutage.
-Au début on enfoncait cà et là quelques clous plus ou moins régulièrement.
-De grands clous carrés (acier, laiton) permettaient de faire des dessins.
-Avec des clous à tête ronde plate en acier, laiton ou cuivre, il était difficile de faire des dessins, le cloutage en écailles permettait de réaliser des initiales ou bien des lettres parfois même un poisson, un coeur ou une ancre.
-Des clous ronds à tête demi-ronde étaient au départ très grands et rustiques, le cloutage était rarement serré. Plus tard ces clous étaient plus petits et permettaient de faire des dessins beaucoup plus élaborés.
-Les clous ronds à tête cylindrique étaient destinés pour les dessins compliqués (étoile, coeur, lettre, initiale, etc...).
-Les clous à tête six pans étaient particulièrement utilisés pour des dessins complexes. Avec eux on pouvait couvrir toute la surface de la boule, sans laisser apparaître le bois.
Aiguines était la capitale des boules cloutées : commune située dans le nord du département du Var, sur la rive gauche du Verdon. La région étant favorisée par les forêts de buis des environs, la fabrication se développa à Aiguines le siècle dernier, et la commune devint la place importante du tournage sur bois. A cet endroit on fabriquait des articles de ménage et des boules en bois, qui à partir de 1872 étaient cloutées.
- Pour la fabrication des boules, les tourneurs avaient besoin de la racine du buis, qu’ils trouvaient dans les collines aux alentours. La végétation est moins dense que dans la forêt, le buis avait moins de problème pour pousser et l’ensoleillement était bien plus important. Sur ces collines il poussait sous forme de buisson, qui produisait des racines très dures.
- A partir de ces racines on tournait les boules (au tour à bois) ce qui faisait la renommée d’Aiguines. Les tourneurs cherchèrent des buissons de buis appropriés, avec un couteau de poche ils supprimaient les branches. Puis ils déterraient les racines avec une pioche, "la pitche".
- Sur place la racine fût nettoyée pour réduire la charge du transport jusqu’au village. Les tourneurs dans leur atelier dégrossissaient la racine avec la scie à ruban, on reconnaissait déjà la forme de la boule. Puis au tour à bois les tourneurs donnaient la facon définitive à la boule pour être cloutée. Le cloutage ou ferrage était un travail réservé aux femmes (à cause des doigts plus petits mais surtout pour la patience et la méticulosité..).
Pour le cloutage, on avait besoin : d’un marteau, d’un billot en bois et surtout du "rond de cepoun", qui se composait d’une bague en métal qui était posée sur le billot pour tenir la boule pendant l’usinage. Il existait deux différentes manières pour le cloutage :
Le cloutage en écailles :
On utilisait uniquement des clous à tête ronde plate en acier, laiton ou cuivre. Le cloutage suivait une ligne spirale. Le deuxième clou enfoncé dans la boule en bois recouvrait de moitié le premier clou et la rangée suivante. Le dernier clou enfoncé se retrouvait en face du premier clou. Par le cloutage en écaille, la surface était parfaitement lisse et cachait entiérement le bois de la boule d’origine. Cette facon de clouter servait surtout pour les boules de petit diamètre (70 à 90 mm) avec lesquelles on jouait à la pétanque et au jeu provencal. On ne pouvait réaliser que des dessins simples commes des lettres, des initiales et des symboles.
Cloutage juxtaposé :
Utilisé surtout pour les boules de gros diamètre (90 - 110 mm). Sur la boule brute, on appliquait un modèle et pour le cloutage on suivait la ligne de ce dessin. Il existait des clous de différentes têtes, carrée, ronde et plate, ronde et cylindrique ou à six pans. Ces clous étaient soit en cuivre, laiton, acier. Le cloutage d’une boule comportait des clous ayant tous la même forme de tête. Par les différentes matières, il était possible de faire des dessins fantastiques. A Aiguines on arrêta la fabrication des boules en bois en l’année 1933.
1- Au départ, on enfonçait à distance régulière, plus ou moins de clous dans la boule en bois.
2- Puis des clous plus grands à tête demi-ronde.
3- Il était possible de faire un dessin, dans différentes matières, à l’aide de clous à tête carrée.
4- Pour des dessins plus compliqués les clous à tête cylindrique étaient utilisés.
5- La boule en bois était entièrement recouverte de clous à tête six pans.
6- Les clous à tête ronde plate, étaient appropriés pour des dessins plus complexes.